Un jeudi soir, assez tard, alors que le jeudredi battait son plein dans un bar de la place Jourdan, une conversation entre deux jeunes trentenaires et Paul Bosmans a attiré mon attention. Cela fait bientôt quatre ans que ce monsieur d’un certain âge a posé ses sacoches de moto au Betacowork. Avec ses airs de Lord anglais, Paul est toujours très classe, tiré à quatre épingles mais c’est surtout sa sagacité mêlée à une vivacité d’esprit qui en font un personnage marquant du microcosme des startups et du monde entrepreneurial belges.
De prime abord, quelqu’un de spécialisé en marketing direct et en gestion de base de données pourrait sembler ne pas être des plus funky. C’est un préjugé comme un autre. Préjugé que Paul Bosmans, à la carrière bien remplie, brise allègrement en éclats. Lors de cette conversation mentionnée plus haut, la fougue et le verbe dont il faisait preuve étaient plutôt ceux d’un jeune idéaliste que ceux d’un monsieur en âge d’être grand-père. La discussion tournait autour du fait de prendre des risques comme entrepreneur. Risques que ne semblaient pas vouloir prendre ses jeunes interlocuteurs. « Mais si vous ne vous mettez pas en danger maintenant, vous ne le ferez jamais », leur rétorquait-il. « Il ne faut pas avoir peur, il faut croire en ses rêves. Même si cela ne marche pas. Il y aura toujours quelque chose de positif qui en sortira. » Et de disserter ensuite des limitations de vitesse qui, si elles sont importantes pour la sécurité routière en général, embêtent notre gentleman motard. « C’est vrai, j’aime l’exaltation de la vitesse. Pousser ma moto me procure un plaisir que je ne saurais décrire. Quitte à prendre des risques », ajoute-t-il encore.
Prendre des risques, tel semble être le leitmotiv de la vie de Paul Bosmans. « Pour moi la sécurité est à proscrire. Les défis portent la vie vers l’avant. L’inconscience est même une qualité. Aujourd’hui, s’installer à son compte, devenir entrepreneur, c’est ne pas laisser son avenir aux autres. » Pourtant, et il le regrette, la peur de l’échec semble empêcher bon nombre de Belges de prendre des risques et de se lancer dans l’entrepreneuriat. « C’est même, selon le Général Entrepreneurship Monitor, le premier frein à la volonté d’entreprendre dans notre pays. »
Pourtant, il le dit lui-même, rien ne le prédisposait à cela. « Je suis né au sein d’une famille d’avocats. Ce n’est pas un milieu où l’on aime trop le risque. Mais bon, comme je suis quelqu’un de fondamentalement indiscipliné, je pense que j’étais fait pour créer ma boîte. » Comme il l’a déjà mentionné, Paul Bosmans aime les défis. « Créer ma première société en 1987 en était un très gros. Le côté grisant, le plaisir de lancer un projet est ce qui me donne le plus de satisfaction. J’aime vraiment le côté créatif du métier d’entrepreneur. »
Créatif mais pas pour autant la tête dans les nuages. « Être entrepreneur, c’est avoir de lourdes responsabilités. Il ne faut pas avoir peur de se faire mal et il faut avoir la capacité de rebondir. Celui qui est prêt à rebondir est armé. La seule chose qui a été stable dans ma vie c’est le changement. J’ai eu la chance de faire des choses qui m’ont toujours plu. Le plaisir m’a toujours motivé. »
C’est ce plaisir, dont il parle avec cette même fougue qui l’habitait ce fameux jeudi soir à l’étage d’un bar, qui semble l’avoir porté jusqu’à la Pulse Foundation, une fondation philanthropique qui soutient les associations qui s’investissent dans la promotion de l’entrepreneuriat et de l’esprit d’entreprise. « Alors que je venais de liquider ma société de ressources humaines, je me demandais ce que j’allais faire. J’ai investi un peu d’argent dans l’immobilier, peut-être que j’allais m’en occuper, quand un chasseur de tête m’a proposé le poste de CEO de la Pulse Foundation. » Des familles entrepreneuriales belges soucieuses de l’état du pays ont décidé de prendre leurs responsabilités en donnant de l’argent pour aider les entreprises qui aident d’autres entreprises. Un challenge qui ne pouvait qu’intéresser celui qui déclare, sur son profil LinkedIn, que l’autonomisation économique des personnes est une cause qui compte pour lui. « Et comment !, renchérit-il. En quatre années, l’apport financier de la fondation a permis la création de plus de 3.200 emplois. Je suis fier de cela. Mais cela ne doit pas en rester là. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. »
Nul doute que Paul Bosmans fera tout pour arriver au bout des défis qu’il s’est fixés, que ce soit à la Pulse Foundation ou ailleurs. Avec toujours ce même volontarisme qui l’habite chaque jour.