“Je m’en rappelle comme si c’était hier, raconte, amusé, Jed, un coworker de longue date. J’ai vu Xavier Corman rentrer dans la pièce, un air un peu triomphant sur le visage, et déclarer : Je lance ma startup.” Près de quatre ans plus tard, Edebex – ladite startup – quitte le bâtiment où se trouve le Betacowork. Les bureaux étant devenus trop exigus pour une équipe qui grandit chaque mois. Retour sur le parcours d’un coworker dont on pourrait dire qu’il a été gâté par l’écosystème offert par le coworking. De freelance à patron d’une société dans le vent.
Xavier Corman est arrivé au Betacowork à l’été 2011. Il bossait à l’époque comme Directeur financier freelance. “DF, c’est peut-être un grand mot, précise-t-il. On va dire que j’accompagnais des sociétés dans leur gestion financière.” A son arrivée, fort logiquement, aucun de ses clients ne se trouvait ni à l’Icab ni au Betacowork. Puis au fur et à mesure, Xavier a commencé à en avoir in house. “Quatre ou cinq personnes, plutôt des startups. Avec quelques belles histoires à la clé, ajoute-t-il en souriant. C’est comme cela qu’une chouette aventure a commencé avec Patrick Nollet. On s’est rencontrés lors d’un workshop sur les plans financiers, puis j’ai travaillé pour lui et l’ai aidé à lever 300.000 pour sa société Cleverphone. Mais depuis quelques mois, il travaille pour moi chez Edebex :-)” “Et maintenant on part même en vacances ensemble”, s’esclaffe Patrick qui justement passait par là pendant l’interview.
Autre collaboration, beaucoup plus courte dans la durée, mais assez mémorable : celle avec Davy Kestens. “Davy avait lancé sa startup TwitSpark (devenue SparkCentral entre-temps) quelques semaines auparavant et avait obtenu, via Betacowork, un rendez-vous avec Sébastien de Halleux, à San Francisco, explique Xavier. On était vendredi soir et il avait rendez-vous avec lui jeudi d’après. Entre-temps, il avait besoin d’un plan financier. On a passé le lundi et le mardi soirs, avec son papa, à travailler dessus. Un peu plus tard, il a levé 1,125 million de dollars.”
Grâce à ces success stories – et à d’autres encore -, Xavier aura appris pas mal de choses. “Surtout, j’ai compris comment les autres avaient réussi : il me fallait un service scalable, une A-team et suffisamment de financement pour lancer le projet.” Il a fallu ensuite trouver une idée qui combinait ces trois conditions. “J’ai eu plein d’idées mais Edebex est la seule qui correspondait aux trois critères.”
Pour rappel, Edebex est une place de marché qui propose aux entreprises d’optimiser leur trésorerie en vendant leurs factures clients – leurs créances – à des investisseurs qui ont trop de trésorerie et souhaitent la valoriser. “J’ai eu le déclic lors d’un rendez-vous client. Alors que j’étais là, il a appelé son banquier, pas comme souvent pour demander de l’argent, mais bien pour en retirer. Il voulait retirer du cash car il n’avait plus confiance. Si ta banque plonge, moi je perds tout. Il fallait donc proposer une autre possibilité d’investir à ce client… Edebex était né.” Après, l’idée de base était visiblement beaucoup plus tarabiscotée qu’elle ne l’est maintenant. “Avec Aïssa Laroussi, que j’ai rencontré dans un événement organisé par une coworkeuse, on a affiné tout cela et on a créé une première équipe, avec France Watelet et Jon McLennan.”

Brainstorming avec Xavier Corman

Brainstorming pour trouver le nom d’Edebex


“Au début, personne n’était full time sur le projet. On a tous pris le pli de venir le jeudi au Betacowork à partir de septembre 2012.” C’est là que les discussions ont commencé avec les investisseurs. La société, elle, a été créée en janvier 2013. Une première personne est passée full time à l’été de la même année. La plateforme a été lancée dans la foulée, en septembre. “Et nous avons dû prendre un premier bureau privatif à l’Icab en décembre, regrette presque Xavier Corman. Moi, j’étais bien dans l’espace de coworking. J’aurais bien fait comme l’équipe de Data.be et serais bien resté là malgré la croissance mais comme on traite beaucoup de données sensibles, ce n’était pas possible.” En 2014 sont au programme première levée de fonds d’un million d’euros, croissance, deuxième bureau et obtention de la licence d’établissement de paiement. En 2015, la société continue sa marche en avant : deuxième levée de fonds, trois millions cette fois-ci. En 2016, l’équipe compte près de 30 personnes. Le temps est venu de quitter l’écosystème Betacowork/Icab. “Même si je garde, à titre personnel toujours un pied au Beta, nous étions installés dans cinq bureaux, ce n’était plus possible.” Direction un grand plateau dans le bâtiment Omega Court, à Delta.
Quand on lui demande ce qu’il retient de ses années passées au Betacowork et à l’Icab, Xavier nous donne une vision d’un écosystème à deux visages. “D’un côté, un monde dynamique, qui bouge, qui change, qui évolue… D’un autre côté, on dirait que le bâtiment a été construit autour de certains, ce qui lui donne un côté statique, comme un petit village. Village que je regretterai : dès qu’on sort du bureau, on croise quelqu’un, ce qui change d’être juste avec ses collègues.” Un dernier point sur lequel Xavier insiste : “Village, peut-être, mais village vachement ouvert. J’ai eu l’occasion d’y croiser des gens de la trempe de Sébastien de Halleux ou encore Nellie Kroes, ce n’est pas rien quand même. Parler avec ce genre de personne amène toujours un vent de fraîcheur.”
Bon vent Xavier et à bientôt.