Ce mardi 7 décembre, un tweet a enthousiasmé les travées du Betacowork. Celui de Jean-Edouard Stevens, aka Jed, qui annoncé qu’il avait trouvé un premier client et par la même un premier financement auprès de Pfizer pour son projet MyMedicoach, un site de prévention pour les maladies du dos. Après plusieurs années de travail intense… Vient à point qui sait attendre, comme on dit.


Rencontre avec Jed, installé au Betacowork depuis maintenant quatre ans. Soulagé de voir ce premier contrat signé, je suppose ?
« Oui, on y est, enfin. Et cela n’a pas été de tout repos. Même pour envoyer ce contrat, cela a été épique. Je n’avais qu’une fenêtre de deux jours pour le renvoyer à Dublin. Ce que j’ai fait depuis l’ascenseur de Strépy-Thieu, où j’étais présent en ma qualité de médecin du travail. C’était marrant de donner rendez-vous au gars de DHL sur un parking… »
MyMedicoach
Rappelle-nous la genèse de ton projet MyMediCoach. L’idée t’es venue il y a un moment déjà, non ?
« Le départ de cette aventure trouve sa source en 2008. Tout est parti d’une somme de frustrations. Les miennes comme médecin et celles de nombreux patients qui me disaient « J’ai mal au dos ». Le genre de douleur qui pollue une vie. Je le sais bien car j’en ai aussi souffert. J’étais, au début, assez fataliste sur les solutions possibles. Après de nombreuses lectures, j’ai alors compris qu’on pouvait aller au-delà de la médication seule. J’ai vite compris qu’il fallait combiner plusieurs choses : une information compréhensible et facile d’accès ; des exercices de renforcement et d’assouplissement musculaires ; et l’ergonomie. Dès lors, mes consultations liées aux maladies du dos sont passées de 15 à 45 minutes, voire 1 heure 30. Ce qui n’était pas possible. J’ai donc commencé à chercher sur Internet un outil pédagogique pour aider les gens. Mais je ne trouvais que des textes, pas toujours compréhensible pour le commun des mortels. Je voulais quelque chose de visuel, d’interactif et de ludique afin qu’il soit accessible au plus grand nombre. C’est là le terreau de MyMedicoach. »
Tu t’es donc lancé dans la création d’un site. Qu’elles étaient tes compétences informatiques à cette époque ?
« En 2008, j’avais une adresse mail et c’était déjà bien pour moi. Python, c’était un serpent et Java une île… Mais au début, ce n’était pas très grave car je me suis d’abord concentré sur mes recherches afin de me faire une bonne bibliographie scientifique. Cela prend un peu de temps. Surtout que mes activités de médecin étaient prenantes. D’ailleurs, en 2012, je décide de faire le grand saut en réduisant drastiquement mon temps de travail afin de lancer mon entreprise. D’ailleurs, ce faisant, cela m’a donné un double coup de boost : en plus du temps dégagé, la rencontre avec ma boss qui se demandait pourquoi je voulais partir, a découlé sur une première présentation, car elle était intéressée par mon projet. »
Le grand saut avec du concret directement. Comment finances-tu ton projet ?
« Sur fonds propres. J’ai décidé de casser la tire-lire. Je n’ai été voir personne pour avoir du capital. J’étais persuadé – et je le reste – qu’il fallait au moins un premier client avant d’ouvrir son capital. Ce que je vais d’ailleurs faire maintenant en proposant à des médecins, kinés ou autres personnels soignants de prendre le train en marche. Il y a déjà une première vidéo. A terme, une fois financé complètement, MyMedicoach, ce sera un site, une app mobile et un jeu que les médecins et kinés pourront renseigner à leurs patients atteints de maladies du dos. Grâce au soutien de Pfizer, je vais pouvoir passer à la vitesse supérieure. »

C’est aussi en 2012 que tu t’installes au Betacowork ? Quelle plus value le coworking a-t-il apporté à ton projet ?
« De prime abord, comme mes clients et partenaires potentiels sont la médecine du travail, les assurances, les mutuelles, Inami, la Cocof, des fabricants de chaises ergonomiques, les producteurs de médicaments lombalgiques… ce n’est pas au Betacowork que je m’attendais à trouver des contacts de cet ordre. Déjà, je n’aurais pas été capable de travailler chez moi. J’aurais certainement trouvé un autre espace si le Beta n’avais pas existé. L’apport au niveau émulation, feedback, soutien est le réel plus dans mon cas. On m’a souvent challengé mais personne ne me disait d’arrêter. De plus, c’est avec des gens du Beta que j’ai fait mon plan financier, que je gère les traductions et autres aspects du site. »