Chercher des documents juridiques, ce n’est déjà pas facile quand on est avocat, n’en parlons pas pour le citoyen lambda qui n’est pas rompu à la gymnastique administrative qu’il faut parfois faire pour arriver à ses fins. Aujourd’hui, Lex.be se présente comme la première plateforme, avec « un moteur de recherche de type Google », qui permet un accès facile à l’intégralité de la législation et de la jurisprudence belges. Rien que ça ! Une révolution dans un monde parfois opaque.
Lex.be
Pour Erik De Herdt, juriste spécialisé dans les TIC et CEO de Lex.be, il était une évidence qu’il fallait trouver une solution pour faciliter l’accès aux documents judiciaires : « Une démocratie forte a besoin d’une jurisprudence claire ! Les avocats sont habitués à jongler avec les différentes sources d’informations, les citoyens et les entrepreneurs, eux, n’ont pas un accès facile. C’est pour cela que nous avons lancé Lex.be. » Même pour les avocats, cela ne semblent pas être une évidence. Toon Vanagt, initiateur du projet, avec Eric Rodriguez : « Il est encore des juristes qui ne sont pas full équipés au niveau informatique, même en 2016. Lors de l’élaboration de Lex.be, nous avons rencontré beaucoup de personnes dont certaines éprouvaient pas mal de difficultés avec la recherche d’informations bien précises. Certains écrivant encore à la bibliothèque pour que celle-ci leur envoie des documents. »
« Il est vrai que s’il y a tout sur le Moniteur belge, on ne peut pas dire que le site soit très accueillant », dit en souriant Bruno Langhendries, ancien avocat au barreau de Bruxelles, maintenant employé par Avocats sans frontières où il se spécialise sur les questions d’accès à la justice.
Lex.be
« L’intérêt cosmétique est indéniable, ajoute-il. J’espère surtout que ce nouvel outil, qui a sur papier a un énorme potentiel, sera utilisé pour faciliter la compréhension de la législation pour le grand public. Avoir accès, c’est bien. Comprendre, c’est mieux. »
Lors de la conférence de presse, Eric Rodriguez semblait être tout à fait sur la même longueur d’onde. « Pour l’instant, nous avons indexé toutes les données, avons créé des algorithmes intelligents pour transformer les données non structurées en une base de données structurée et avons développé un moteur de recherche puissant. Ce qui est un premier pas. A terme, notre volonté est de présenter tous ces documents, surtout la législation qui est parfois fort indigeste, sous une forme plus structurée, voire même résumée. Par ailleurs, nous allons offrir la possibilité de commenter afin d’enrichir et d’expliquer les textes. On espère que des zones de collaboration verront le jour. »

Where is the money on Lex.be ?

Lancé grâce à un subside européen de 75.000 euros, un apport de 25.000 d’argent propre mais surtout de centaines d’heures de travail (la première présentation du projet date de l’automne 2014), Lex.be sera un service proposé sur la base du modèle freemium. Les informations de base sont accessibles gratuitement pour les particuliers ou entreprises consultant sporadiquement le site. Par contre, l’utilisateur pourra souscrire un abonnement pour les services à valeur ajoutée (filtres de recherche avancés, sauvegarde d’une recherche, alertes sur des informations spécifiques…). « On verra aussi ce que les utilisateurs feront du site, cela influencera aussi les développements ultérieurs », précisent-ils.
D’aucuns auront reconnu dans le team et dans le modèle de Lex.be celui de Data.be. Le premier cité est fortement inspiré du deuxième qui donne un accès direct aux documents officiels des sociétés, infos financières, historique… Site lancé par Toon Vanagt et Eric Rodriguez en janvier 2011. Pour la petite histoire, Data.be est né lors du tout premier startup weekend organisé en Belgique, dans la même pièce où les trois associés ont présenté leur nouveau projet ce 9 mars 2016. « On aurait pu ajouter ce nouveau service sur Data, explique encore Toon Vanagt. Mais nous n’avions pas envie de créer une usine à gaz et avons préféré que les choses soient bien claires. »